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Journée d’étude Jean Gagnepain : appel à communications


Autour de Jean Gagnepain : héritages et actualités de l’anthropologie clinique médiationniste

Journée d’étude

Samedi 18 novembre 2023

Les revues Tétralogiques et Ramage, l’ADAM (Association pour le Développement de l’Anthropologie Médiationniste) et l’Institut Jean Gagnepain, lancent un appel à communications pour une journée d’étude consacrée à l’héritage et à l’actualité, pluriels et divers, de l’anthropologie clinique médiationniste fondée par le linguiste et épistémologue Jean Gagnepain.

Le jeudi 16 novembre 2023, il aurait eu cent ans. Tout au long de la quarantaine d’années qu’a duré son séminaire bimensuel dispensé le jeudi à l’Université Rennes 2, des centaines de personnes, des milliers sans doute, sont successivement venues l’écouter développer le modèle de la théorie de la médiation, ses implications et applications. Certaines de ces personnes allaient ensuite se réapproprier cette pensée en mouvement pour leur propre auditoire, dans leurs divers champs professionnels. Jean Gagnepain lui-même s’est également souvent exprimé face à d’autres publics que celui de son séminaire.

Un fait notable, surprenant pour l’université, est que la grande majorité, voire la quasi-totalité de l’assistance de ce séminaire n’était pas constituée d’étudiants de l’université Rennes 2 où il a enseigné pendant toute sa carrière ! Jean Gagnepain s’est même targué de n’avoir eu, à certaines périodes, presque aucun étudiant inscrit dans son UER [1] de Sciences du langage et de la culture. Non pas qu’il n’attirait pas : la raison en est que, ne délivrant pas de diplôme avant le doctorat (plus tard également une licence en un an), cette UER, pendant un temps, n’avait quasi pas d’étudiants en propre : tous étaient inscrits dans d’autres départements de l’université, mais suivaient avec assiduité son enseignement.

Le public qui assistait aux séminaires était donc varié, dans sa composition comme dans ses attentes. Il était réuni par le même désir de renouveler le savoir sur l’Homme, à quoi engageait l’enseignement de Jean Gagnepain, quel que soit le domaine sur lequel il portait. Enseignants, psychologues, juristes, médecins, architectes, orthophonistes, psychiatres, psychanalystes, archéologues, historiens d’art, sociologues, artistes plasticiens ou musiciens : ce public était d’autant plus varié qu’il comprenait nombre de professionnels issus de domaines très divers, qui trouvaient là les moyens stimulants d’apporter de nouvelles réponses à leurs interrogations propres et, plus fondamentalement, de questionner à nouveaux frais leurs pratiques professionnelles et ce qui les fondait. Parmi eux, certains avaient déjà suivi l’enseignement de Jean Gagnepain lors de leurs études, d’autres le découvraient et s’en appropriaient progressivement ce qui pouvait leur être utile.

C’est dire que la théorie de la médiation ne s’envisageait pas, dès le départ, comme un savoir purement universitaire qui n’aurait cherché qu’à se trouver des disciples, mais comme un savoir en cours d’élaboration et en prise directe sur l’ensemble de la réalité humaine, traitant sur un pied d’égalité le langage, la technique, la société et le droit. Non une « théorie », au sens parfois desséchant – ce qu’on critique à juste titre (un système conceptuel bouclé sur lui-même) –, mais une méthode permettant de confronter les hypothèses au réel humain pour tenter de mieux le comprendre et, dès lors, agir sur lui. Ce qui conduisait nécessairement à l’indiscipline et à abolition de l’artificielle distinction entre théorie et pratique, tant il est vrai que l’on n’aborde jamais le monde sans une théorie, serait-elle implicite et confusément mêlée à d’autres sans même que l’on ne s’en rende compte.

Voilà qui explique la variété de l’héritage dont Jean Gagnepain pouvait se prévaloir, et qui demeure. L’affaiblissement des sciences humaines, et des disciplines qui les portent, auquel on assiste aujourd’hui, indique qu’elles n’en sont qu’à leurs débuts et que le travail reste à faire (si ce n’est, pour reprendre son mot même, qu’elles ne sont pas encore advenues du tout, « en dépit de ce qui est écrit sur le fronton de nos facultés »). La théorie de la médiation reste un trousseau de clefs pour les praticiens engagés dans des métiers très différents, qui souvent ne se connaissaient pas – ou, pour employer l’expression que Jean Gagnepain affectionnait, une paire de lunettes permettant de regarder autrement.

Une journée d’étude axée autour de Jean Gagnepain et de l’actualité de la théorie de la médiation invite à cette rencontre, ainsi qu’à l’évocation de ce qui, pour chacun, dans le secteur qui est le sien, continue de vivre de ce modèle. Il s’agira de témoigner d’une pensée toujours vivante et de restituer la manière singulière dont des professionnels d’horizons multiples se saisissent de cette pensée et de la disposition « critique » et épistémologique à laquelle elle invite. Cette journée d’étude peut également être l’occasion de relever les attentes, les opportunités à saisir et les projets à mener à l’égard de la transmission et de l’enrichissement de cette méthode tournée vers l’avenir des sciences humaines.

Nous attendons à cette fin des propositions de communication de vingt à trente minutes maximum, émanant de représentant(e)s de tous les domaines concernés. Des témoignages sur ce qu’apporte la théorie de la médiation dans une pratique professionnelle ou sur la façon dont cette théorie a accompagné un cheminement particulier seront tout aussi bienvenus que des exposés peut-être plus académiques dans le domaine de l’épistémologie ou au sujet de l’un ou l’autre des « plans ». Il n’est donc pas nécessaire d’appartenir au monde universitaire pour se sentir autorisé à prendre la parole.

Faites parvenir vos projets, de 3000 signes au plus, à l’adresse suivante : redaction chez tetralogiques.fr, avant le 15 juillet 2023.

La journée se tiendra à l’Université Rennes 2, dans l’amphithéâtre Jean Gagnepain.

Les actes seront publiés dans le n°30 de Tétralogiques qui paraîtra en 2025.


Notes

[1Unité d’Enseignement et de Recherche. Subdivision universitaire créée en 1968, et dont les UFR (Unités de Formation et de Recherche) ont pris la place à partir de 1984.


Pour citer l'article

« Journée d’étude Jean Gagnepain : appel à communications », in Tétralogiques.

URL : https://www.tetralogiques.fr/spip.php?article230