Les livres parus en 2021
Résumé / Abstract
Cette page recense les livres, en lien direct ou indirect avec le modèle de l’anthropologie clinique médiationniste, parus en 2021. Cliquer sur les images pour une présentation sur les sites des éditeurs.
Audrey Jacquet, La relation éducative parent-enfant. Questionner la notion d’autorité
Paris, L’Harmattan, Collection : Savoir et formation, mars 2021, 272 p. ISBN : 978-2-343-22715-3. 26 €.
De quoi parle-t-on lorsqu’on évoque l’autorité parentale ? Que signifie être parent aujourd’hui ? Poser ces questions nécessite de déconstruire les processus de la parentalité. Avec l’appui de l’anthropologie clinique, il est possible de restaurer le sens profond de l’autorité éducative. Celle ci implique un respect mutuel, une relation de confiance qui s’attache à donner le maximum de clefs aux enfants afin qu’ils mènent une vie la plus épanouie possible. Une pensée originale qui propose de mettre en place cette autorité éducative dans le but de faire de nos enfants des êtres libres.
Jean-Michel Le Bot, L’écologie avec ou contre l’Église ? Crise catholique, celtisme et conversion écologique dans le Finistère
Paris, L’Harmattan, Collection : Religions et spiritualité, juillet 2011, 240 p. ISBN : 978-2-343-23516-5. 24 €.
Dès la naissance de l’écologie politique, les liens entre religion et crise écologique ont fait l’objet de discussions souvent passionnées. Les uns, à la suite de l’historien Lynn Townsend White Jr., dénonçaient le caractère excessivement anthropocentrique de la religion chrétienne, tandis que d’autres appelaient à un renouveau spirituel permettant de retrouver une harmonie avec la Terre, contre la sécularité et la technicité excessives du monde moderne. Cet ouvrage entend apporter un éclairage sur une expression régionale de ce débat. Il s’intéresse aux discours qui, en Bretagne, à partir des années 1970 et dans le cadre du mouvement culturel breton, ont associé écologie, celtisme et dénonciation de l’emprise de l’Église catholique. Mais il montre aussi que des catholiques, laïcs ou religieux, anticipaient largement l’appel à la conversion écologique lancé en 2015 par le pape François. Il avance l’hypothèse, in fine, que ces questionnements et réflexions au sujet du christianisme répondaient à leur manière, dans une sorte de quête panenthéiste, au souhait de White lui-même de trouver une solution religieuse à la crise écologique.
Jean-Claude Quentel, Anne Deneuville, L’entrée dans le langage
Bruxelles, Yapaka.be, mars 2021, 58 p. Gratuit (version PDF et epub)
L’acquisition du langage constitue une aventure humaine qui interroge. Le langage ouvre l’enfant, dès sa naissance, à la compréhension du monde. Inscrit dans un bain de paroles nourri par ses parents, le bébé acquiert la compréhension des sons et des mots. La verbalisation, le fait de produire des mots et des phonèmes, suppose cependant chez l’enfant une capacité d’abstraction et une logique.
Celles-ci rendent compte de sa représentation du monde, différente de celle de l’adulte. L’initiation et l’usage du langage sont, quant à eux, étroitement liés aux processus relationnels et de socialisation. Exprimer ce qu’il veut mobilise par ailleurs chez l’enfant son désir à prendre la parole. Enfin, la lecture et l’écriture sont à comprendre comme une mise en forme technique du langage. Ce livre analyse ces différents registres du langage et les difficultés ou pathologies qui y apparaissent. Il se fonde donc sur une approche multifactorielle du langage. Il traite en même temps des difficultés qui se font jour dans son apprentissage et insiste sur le fait qu’un trouble qui s’observe dans le langage n’est pas nécessairement un trouble du langage lui-même.
Franck Ghitalla, Qu’est-ce que la cartographie du web ? Expéditions scientifiques dans l’univers des données numériques et des réseaux
Dominique Boullier et Mathieu Jacomy (éd.), Marseille, OpenEdition Press, 288 p. Gratuit.
Les web studies et les network sciences ont déjà une histoire, et, en France, cette histoire fut profondément marquée par la contribution de Franck Ghitalla.
Cet ouvrage posthume était en fait déjà prêt à être publié au moment du décès brutal de son auteur en décembre 2018. Ses chroniques du Web et ses carnets cartographiques, ici regroupés, ont, en effet, une vocation pédagogique certaine. Cet ouvrage est ainsi idéal pour une initiation, car il permettra à chacun de s’approprier les concepts et les méthodes que Franck Ghitalla a éminemment contribué à développer en France.
L’histoire de la construction de ces approches en réseau qu’il retrace dans la première partie permet de comprendre que la tâche requiert de multiples expertises : la rigueur des calculs doit être alliée à la fiabilité des sources et des données ainsi qu’à la sensibilité sémiotique de la visualisation pour rendre robuste une interprétation toujours ancrée dans les sciences sociales. Chaque chapitre s’appuie sur des exemples d’analyse de réseaux très précis, dans des domaines très divers, et les concepts sont progressivement distillés, ainsi que les tours de main, que Franck Ghitalla, brillant artisan des données numériques, avait à cœur de partager avec tous.
« Ce Web n’était pas inscrit dans sa trajectoire de formation, ni technologique ni scientométrique. Mais sa formation de linguiste structuraliste, que nous avons partagée, est pourtant restée marquante dans sa façon de traiter ces méthodes d’exploration du Web qu’il a développées. Jean Gagnepain avait en effet produit à Rennes un cadre théorique extrêmement formalisé, inspirant et totalisant, sur les compétences humaines, sur les raisons qui nous permettent d’agir de façon à la fois structurée et toujours unique. Dans ce cadre, la raison langagière n’a pas la primauté sur la raison sociale, la raison éthique ni la raison technique qui se combinent toutes, mais doivent être distinguées et disposer de leurs propres concepts. Lorsque Franck Ghitalla vint entreprendre une deuxième thèse avec moi à l’UTC en 1997, il portait en lui cet équilibre des raisons, et notamment cette impérieuse nécessité de prendre au sérieux la technique. Après tout, Compiègne était sans doute le meilleur endroit où atterrir en France puisque l’objet même de l’université (de technologie) et de l’équipe de recherche en SHS (Costech, Connaissances, organisations et systèmes techniques) était la technique, ses outils, son industrie, sa fabrique, ses usages, et sa dimension constitutive des humains. Sur ce point, en venant tous deux d’une formation comme celle de la théorie de la médiation de Jean Gagnepain, nous étions d’emblée en phase avec ce milieu. Mais alors que l’écriture aurait pu être l’objet préféré d’un linguiste s’intéressant à la technique, Franck avait adopté un angle d’attaque particulier, celui de l’image, autre technique de représentation, possédant ses propres règles. Sa profonde sensibilité à la puissance des images a continué à irriguer ses expérimentations en dataviz dont on peut lire un florilège dans cet ouvrage et que ses anciens étudiants ont prolongées, en développant des images de graphes de toutes sortes, au-delà du « plat de spaghettis » qu’il mentionne ». Dominique Boullier, Postface.
Daniel Coum, Pertes, ruptures et séparations dans les liens familiaux. Quelles épreuves, quels changements, quelles inventions ?
Toulouse, Erès, Parentel, mai 2021. EAN : 9782749270579. 28 €.
Ce livre questionne la problématique du lien et de ses aléas – pertes, ruptures et séparations – dans les relations intrafamiliales, de manière à la fois théorique et clinique. Bienvenu à l’heure où la distance est devenue la norme.
Les pertes, les ruptures, les séparations… émaillent la vie des familles et mettent en tension, de manière parfois violente, les liens familiaux et les sujets qui y prennent place.
Alors que la crise sanitaire a imposé la distanciation sociale et bousculé la vie quotidienne, Daniel Coum invite des auteurs issus de différents courants disciplinaires (sociologie, psychologie, philosophie, travail social, etc.) à questionner la problématique du lien et de ses aléas dans les relations intrafamiliales.
Si les séparations sont inhérentes aux relations humaines en général, familiales en particulier, et concourent à la construction psychique de chacun, certaines confrontent le sujet à des expériences de pertes et de ruptures brutales (deuils, divorces, violences, etc.) qui viennent altérer les liens.
Sans dogmatisme ni prêt-à-penser, les auteurs analysent, précisément et exemples à l’appui, les heurts que les relations nouées entre parents et enfants subissent à travers les épreuves de séparations successives et multiples, aux divers âges de la vie, de l’enfance à l’adolescence, mais aussi à l’âge adulte jusqu’à la fin de la vie. Ils ouvrent ainsi quelques pistes concrètes utiles aux professionnels de l’action sociale, de l’éducation, du soin qui ont pour mission d’aider, écouter et accompagner les sujets éprouvés.
Dont, au sommaire, Jean-Claude Quentel, « Se séparer pour faire du lien. L’adolescence », pp. 81-101.
« Les livres parus en 2021 », in Tétralogiques.