La trame d'une langue. Le breton

Présentation d'une théorie de la syntaxe et application

Jean-Yves URIEN

 

Hor Yezh, 1987


 

Présentation de l'ouvrage

Ce livre propose une réflexion sur le langage à travers la langue bretonne. Son originalité tient dans cette confrontation qui enrichit mutuellement la théorie linguistique par l'examen d'un domaine méconnu d'elle, et la connaissance du fonctionnement interne de cette langue par une nouvelle problématique. Traitant de la trame des mots, il porte en fait conjointement sur "le tissu" et sur "la façon de tisser", comme le dit Jean Gagnepain dans sa Préface.

L'ouvrage s'adresse à la fois à ceux qu'intéressent les problèmes d'analyse du langage, chercheurs, enseignants ou étudiants, et à ceux qui enseignent, pratiquent ou apprennent le breton.

À ces derniers, l'auteur propose une formation méthodique à l'analyse linguistique, progressant le plus simplement et le plus rigoureusement possible des principes généraux jusqu'à un modèle précis de ce secteur particulier qu'est la syntaxe, cette trame du langage dont sont tissés nos propos. Les derniers chapitres ont pour objet principal l'étude de la subordination et de la "relative", dans une langue sans pronom relatif.

Aux premiers il présente une conception nouvelle de cette analyse : la glossologie, partie de l'anthropologie culturelle, dite "théorie de la médiation", que construit Jean Gagnepain - et son équipe - à l'U.E.R. du Langage de Rennes 2. Ici la démarche est constamment appliquée à la résolution de problèmes que pose le breton, dont la connaissance n'est cependant pas requise, tous les exemples étant traduits. L'ouvrage constitue en cela un manuel introductif utilisable par les étudiants en sciences du langage.

 

Sommaire

 

Avant-propos

Table des symboles & abréviations.

PREMIÈRE PARTIE : MÉTHODE.

Introduction.

I DU LIVRE DE GRAMMAIRE AUX SCIENCES DU LANGAGE.

A - De la néssité de se donner un point de vue pour expliquer.

I - L'objet de science est construit.

II- Un point de vue partiel et explicitce

III-Le point de vue.

B - Le champ du signe et de la langue.

I- Présentation de la problématique.

II - Deux analyses à distinguer.

1. La relativité des mots.

2. La relativité des usages sociaux.

III - Problèmes de définition de la langue.

1. "Diachronie & synchronie" : bilan critique.

2. La langue, résultante d'interférences.

IV- D'un plan à l'autre : les raisons du breton.

3. Raison logique. Raison socio-historique. Raison psychologique.

C - Qu'est-ce que graphier ?

1. Graphier la langue.

2. Graphier le signe : les phonèmes et les mots.

3. Le texte écrit, matériau d'analyse.

 

II LA DIALECTIQUE DE LA FORME GRAMMATICALE & DU SENS

A - Position du problème. Grammaire & rhétorique.

B - Deux propriétés du signe : la polysémie & la synonymie.

C - Le sens est une "interface" entre les mots & l'expérience.

D - Pour une linguistique dialectique: la glossologie.

I- Définition.

II- De l'autre côté du miroir.

III - Jamais deux sans trois.

IV- Conclusion. Signe & hypothético-déduction.

 

III DES OUTILS D'ANALYSE

A - Les deux cas du signe.

B - La grammaire est une (double) structure.

I- Les éléments grammaticaux sont catégorisateurs.

II - La structure phonologique & la structure sémiologique. Les phonèmes & les mots.

C - Le (double) critère de l'analyse structurale.

I- Le critère de pertinence délimite le phonème.

II- Le critère de marque délimite le mot.

1. L'allomorphisme.

2. L'homophonie.

III- La réciprocité des fases du signe.

IV- La non-coïncidence des deux faces du signe.

D - Nouvelles frontières. Les deux axes de l'analyse en éléments.

I - La bi-axialité du signe. "ou /et".

II- L'axe de la différenciation.

1. Critique du concept traditionnel de "mot".

2. Trait & sème; morphème & lexème.

III- L'axe de la segmentation.

1. Critique du concept traditionnel de "mot".

2. Phonème (2.1) & segment (2.2) ; problème terminologique (2.3).

3. Les segments : le mot nominal (3.1), le mot verbal (3.2).

4. Du polymorphisme à la trinité des segments. l'interjection, l'adverbe, le pronom, la "préposition conjuguée".

5. Un effet de seuil. l'auxiliarité nominale et verbale.

5.1 An anv gwan, l'adjectif.

5.2 Ar verb skoazellañ, l'auxiliarité verbale

Tableau synoptique des éléments.

 

IV UNE CONCEPTION DE LA SYNTAXE. LE SYNTAGME & SA MARQUE.

A - L'intersection des axes.

I - Le rapport paradigrnatique.

II - Le rapport syntaxique.

Conclusions : repères.

B - Le rapport syntaxique, pôle formel d'une dialectique.

I- La forme syntaxique, évidement du sens.

1. Le "complément de nom".

2 ."le sujet de emañ".

3 Le syntagme (numéral + nom).

II- Syntaxe, phrase & préposition.

1. Concepts en révision.

1.1. La non-coïncidence de la phrase et du syntagme.

1.2. Logocentrisme et verbocentrisme.
i- Complémentarité de l'information dite & indiquée.
ii- La phrase non-verbale.

2. Une seule syntaxe (grammaticale) ; une seule logique (prédicative).

2.1. Logiquement, une proposition par phrase.

2.2. Grammaticalement, identité des structures dans la "proposition" et dans la "phrase".

C - Le rapport syntaxique est mutuel.

I - De la "fonction" au rapport mutuel.

II- La marque du syntagme.

 

V LES PROCESSUS SYNTAXlQUES. LES MODÈLES DE SYNTAGMES.

A - La co-ordination. Sa marque.

B - Les cas de l'initiale du verbe. (L'impératif, l'optatif, l'indicatif négatif, l'indicatif auxilié, l'indicatif à particules, l'interrogatif, le cas direct conjonctif, le cas indirect conjonctif).

C- La subordination. Sa marque.

I- Définition. Du principe... à la diversité des modèles.

II - Le modèle de base. La dissymétrie fonctionnelle des initiales.

III - Les "corrélatives".

IV - Présentation du syntagme de relation.

V- De la formulation à la formalisation.

 

Vl VARIABILITÉ ET COMPLEXIFICATION DES SYNTAGMES.

A - Variabilité d'un modèle syntaxique.

I- Les variantes contextuelles.

II - L'alternance dans le syntagme de subordination.

B - Complexification par articulation des syntagmes.

I - Définition de l'articulation. La chaîne & le trousseau.

II- La récursivité.

III- L'agrégation.

C - La relation médiate.

D - Syntaxe & disposition.

I- Disposition & coréférence.

II - Disposition & rection.

CONCLUSlON

 

DEUXIEME PARTIE. APPLICATION.

 

Légende.

 

VII PRÉSENTATION DU TERRAIN D'ANALYSE

A - Les moyens de l'analyse.

B - Présentation glossologique des particules.

C - Présentation sociolinguistique des particules.

I - En breton parlé.

II- En breton littéraire.

 

VIII LA VALEUR SYNTAXIQUE DES DEUX PARTICULES VERBALES.

A - L'antécédent.

I - La particule (a-) implique un antécédent nominal.

II- Le verbe à particule (e-) peut être précédé de tout type de mot.

B - La particule (a-) marque l'existence d'une anaphore obligatoire entre l'antecédent et le verbe ; la particule (e-) exclut cette obligation.

1. L'invariabilité de (a-verbe).

2. La variabilité de (e-verbe).

C - Le fonctionnement de l'alternance.

I - L'alternance au sein du syntagme de relation.

1. L'homophonie syntaxique. Définition.

2. L'alternance rectionnelle au sein du syntagme relatif.

3. L'homophonie dans le syntagme relatif.

II - L'alternance dans le contexte (antécédent + e-verbe).

1. La particule (e) dans le modèle non-relatif

1.1. L'antécédent est un verbe.

1.2. L'antécédent est un nom.

1.3. L'antécédent est un adverbe.

2. La particule (e-) & la relation.

2.1 Contexte (V1 + e-V2).

22. Contexte (N + e-V)

Tableau synoptique du fonctionnement de l'alternance.

 

IX L'EMPIRE RELATIF

A - La relation immédiate

I - La relation de sujet.

II- La relation de complément d 'objet.

B - La relation médiate.

I - Ce qu'elle n'est pas.

1. L'antécédent et le a-V ne constituent pas une relation de sujet. Cas où le verbe est conjugable.
i- Preuve par la disjonction.
ii- Preuve par l'auxiliaire.
iii- Preuve par la négation.

2. Le nom antécédent et le a-V ne constituent pas une relation de compl. d'objet.

3. Critique du concept de "double complément (indirect)"

II - Propriétés de la relation médiate.

1. Présence et fonction du troisième segment.
(1.1) Il est obligatoire.
(1.2) Les syntagmes sont articulés.
(1.3) La disposition est fixe.

2. La relation, forme grammaticale.

2.1. L'accord est une contrainte grammaticale

2.2. Les anaphoriques sont grammaticalement définis.

23. Une relation est donc exclue:
(231) avec un pronom déictique,
(232) un article défini, (233) un adverbe.
(234) Une exception : e-barzh.
(235) Quantificateurs et numéraux.

24. L'abstraction de la forme grammaticale.

III- Les modalités de relation médiate.

1. (N1° + a-V + N 2°). (21) N2 cas direct. (22) N2 cas indirect.

2. (N1° + a-V + SN2 (N2 < N3°)). (21) Le complément de nom direct. (22) Le complément de nom indirect.

3. (N1° + a-V + N °V). (31) NV direct. (32) NV indirect.

4. (N1° + a-V + SNV (NV < N2°)).

5. (N1° + a-V1 + V2° conjugué).

5.1. L'interrogation "indirecte" et l'exclamative.

52. (N1° + a-V + e-V2° conjugué)

53. (N1° + a-V1 + a-V2 conjugué°)

6 (N1° + a-V1 + SV2°).

Conclusion: la particule (a-) n'est pas un "pronom relatif".

 

X LES CONJONCTIONS DE SUBORDINATION

A - Définition de la conjonction.

B - Coordination, particules & conjonction (hag-).

I - Particules et symétrie des constituants.

II- Forme auxillée et forme à particule.

C - La conjonction (hag-) dans la subordination.

I - Position du problème.

1. Aspect glossologique.

2. Aspect sociolinguistique.

II - Syntagrnes nominaux relatifs déterminants & explicatifs.

1. Prototypes.

2. Définition et problèmes d'interprétation.

III - Valeur(s) sémiologique(s) de la conjonction (hag)

1. Le présentatif eo "c'est" et la relation.

2. La valeur conjonctive de hag. Antécédent :
(21) pronom personnel,
(22) nom propre.

3. Approche quantitative.

Conclusions : fonctions multiples ; dialectalisation.

D - L'opposition des conjonctions & et des particules.

I - Disposition variable.

II - Rôle des conjonctions dans l'altemance.

E - L'opposition des conjonctions & de la particule (a-).

I - Absence de relation lorsque les conjonctions marquent un cas indirect.

II- Relation médiate et cas direct à conjonction (ma-). Deux systèmes incompatibles : le particularisme d'Abeozen.

1. Le choix de ma- dans le 1er système.

2. Le second système.

3. Les degrés de la restructuration.

Conclusion.

 

Conclusion générale.

Index du corpus.

Ouvrages cités et mentionnés.

Index terminologique

 


Critique de l'ouvrage

 Par Denis Costaouec, dans La Linguistique, 2003, vol. 39, no 2, pp. 111-131 [21 pages]

 

Résumé :

L'objet de cette discussion est de confronter les thèses développées par Jean-Yves Urien dans son livre La trame d'une langue. Le breton aux positions fonctionnalistes, essentiellement en matière de syntaxe, en pointant les convergences et les domaines où se manifestent des désaccords théoriques. Toutefois, il s'agit moins de critiquer point par point les thèses de la glossologie dont se réclame l'auteur que de contribuer à une réflexion sur les outils dont dispose la linguistique fonctionnelle pour traiter certains types de faits ou des problèmes soulevés par d'autres tendances théoriques

 

 

 

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