LE PARENT


Responsabilité et culpabililité en question


2001 - 262 p.

2ème éd. revue et enrichie 2008


Jean-Claude QUENTEL




Etre parent ? Plutôt que d’exposer les manières de nous comporter dans la société d’aujourd’hui pour être de bons parents, cet ouvrage propose d’expliciter les fondements mêmes de la parentalité, à partir des acquis des sciences humaines contemporaines, aussi bien donc de la psychanalyse que de la sociologie, de l’ethnologie ou de l’histoire.

À une époque où les transformations dans le domaine de la famille se révèlent considérables, générant une inquiétude, non seulement chez les parents, mais encore chez les professionnels, de nouveaux repères sont à élaborer à partir des principes anthropologiques qui fondent la parentalité. Il s’agit de savoir à quelles lois spécifiques répond le fonctionnement de l’homme lorsqu’il se fait parent.

La réponse est examinée à travers les deux registres déterminants et distincts de la responsabilité et de la culpabilité. L’ouvrage les travaille l’un après l’autre, dans leur lien avec l’exercice de la parentalité. S’appuyant sur l’expérience de la clinique, il en démonte les rouages, repensant nos conduites à travers les actes de la réalité quotidienne.

Cet ouvrage s’adresse aux professeurs et étudiants en sciences humaines, aux psychologues, aux psychiatres, aux professionnels de l’éducation, aux travailleurs sociaux ainsi qu’aux parents.




 
Jean-Claude QUENTEL

Psychologue clinicien, il est Professeur à l’Université Européenne de Bretagne ( Rennes 2), et directeur du LIRL (laboratoire Interdisciplinaire de Recherches sur le Langage). Il a longtemps travaillé longtemps dans des consultations et des centres pour enfants déficients mentaux, ainsi qu'en S.E.S.S.A.D. (Service d’Éducation Spécialisée et de Soins à Domicile). Il a déjà publié L’enfant. Problèmes de genèse et d’histoire chez le même éditeur.




TABLE DES MATIÈRES
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PRÉFACE à la seconde édition



INTRODUCTION

Première partie - La responsabilité


I) DU GÉNITEUR AU PARENT
1) La fonction génitale
2) La charge parentale
3) La paternité

II) LA RELATION ÉDUCATIVE
1) L’enfant est porté par le parent
2) L’enfant demeure dans le parent
3) La dialectique éducative

III) LES EMPÊCHEMENTS DE LA PARENTALITÉ
1) Une parentalité contrariée
2) Une parentalité impossible
3) Une parentalité à construire


Deuxième partie - La culpabilité

I) L’UNIVERS DE LA FAUTE
1) Les inductions de l’époque
2) Les manquements du parent
3) L’enfant et le poids du tabou

II) LES APPROCHES THÉORIQUES
1) Les modèles philosophiques et religieux
2) Freud et la psychanalyse
3) Difficultés et paradoxes

III) LA RAISON DE LA FAUTE
1) Le désir et sa réglementation
2) Les égarements du désir
3) L’immanence de la norme



Troisième partie - Le parent et le professionnel

I) LA NOTION DE CONTRAT
1) Une délégation de responsabilité
2) Un mutuel engagement
3) Les limites de la professionnalité

II) LE CONTRAT EN QUESTION
1) Un usager au centre du dispositif
2) Des professionnels sans comptes à rendre
3) Des parents déniant la compétence des professionnels

III) L’ACCOMPAGNEMENT PARENTAL
1) Un travail sur soi
2) Responsabiliser
3) Faire assumer la culpabilité


CONCLUSION


BIBLIOGRAPHIE


INDEX DES NOMS


INDEX DES SUJETS


TABLE DES MATIÈRES



 


 

Critiques de l'ouvrage


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Revue "Le Monde de l'éducation", mai 2001, page 76 :


Si éduquer est bien le métier "impossible" dont parlait Freud, c'est donc à l'impossible que sont tenus les parents. Plutôt qu'un livre de recettes qui ne pourraient que conduire à l'échec, l'auteur, psychologue clinicien, convoque ici les sciences humaines pour remonter aux racines du lien de parenté, de ce qui en fait la déontologie, le rôle et les rouages. A ce titre, responsabilité et culpabilité, qui sont l'axe de la relation parentale, sont spécialement bien étudiées. L'ouvrage se termine par l'étude des rapports généralement conflictuels qu'entretiennent les parents avec les professionnels de l'enfance auxquels ils ont affaire en cas de difficulté. Un ouvrage qui, plus qu'aux parents, s'adresse aux enseignants et étudiants de 2è et 3è cycle en psychologie et auxdits professionnels de l'éducation.


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Journal "Dimanche Ouest-France", n° 172 du 18 mars 2001, rubrique "Familles", page 7 :


L'art d'être parents

Jean-Claude Quentel, professeur à l'Université" de Rennes II est psychologue clinicien. Il pose dans cet ouvrage la question de la parentalité aujourd'hui à travers deux thèmes centraux : la responsabilité et la culpabilité. L'auteur étudie également les rapports que les parents entretiennent vec les professionnels qui prennent en charge leur enfant.


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Revue "Psychologies magazine", n° 197 de mai 2001, page 146 :


Par un psychologue clinicien, l'analyse des comportements parentaux à travers les notions de responsabilité et de culpabilité. Avec une étude des rapports entre les parents et les professionnels qui prennent en charge l'enfant au cours de sa vie. Les problèmes essentiels sont ici posés, à une époque où l'enfant est devenu par trop une valeur refuge. Pour les spécialistes et professionnels de l'éducation.


_______ Revue "Enfances et psy", éditée par Erès (Titre du numéro : "Tous à l'école"), n°16, pages 156 à 159 :


Sommes-nous à ce point en crise ? Après la crise de l'adolescence, voici celle de l'enfance et de la parentalité. Le livre que nous donne Jean-Claude Quentel est le second volet d'un diptyque. Dans L'enfant, problèmes de genèse et d'histoire, publié chez le même éditeur, l'auteur caractérisait l'enfant par cette dépendance dont il ne lui est pas possible de s'affranchir tant qu'il est, précisément, enfant. Une responsabilité spécifique, celle du parent, en représente le corrolaire, plus même — c'est la thèse que Jean-Claude Quentel développera au long du présent ouvrage — c'est cette responsabilité qui fonde l'état de parent. Psychologue qui a longtemps travaillé dans le secteur de l'enfance inadaptée, il appuie son ambitieuse réflexion sur les sciences humaines et l'ancre dans une théorie philosophique, une éthique de la Personne, celle de Jean Gagnepain, professeur de linguistique à Rennes. Trois parties égales composent son livre : un double foyer de réflexion sur la responsabilité et sur la culpabilité lui donne l'espace et le recul nécessaires pour aborder dans sa spécificité la relation entre parent et professionnel.

La parentalité et la filiation opèrent par une reconnaissance de l'enfant, une adoption. Cette adoption se poursuit par le processus d'éducation, qui donne forme à la relation particulière que le parent entretient avec l'enfant, et sur lequel il se fonde pour inscrire l'enfant dans son histoire. De ce point de vue, l'enfance n'est pas seulement le développement, objet de la psychologie génétique, elle appelle une histoire et ne peut que se trouver inscrite dans l'histoire d'un autre. Voici donc un complément phénoménologique à la théorie freudienne de la dépendance infantile. Dans toute société, l'enfant a statutairement besoin de la garantie de l'adulte, et le devoir du parent est de porter l'enfant et de l'inscrire dans son histoire, ce qui lui donne repères et sens. De lui-même, l'enfant ne peut le faire ; il est une personne, mais pour le parent et par le parent — c'est-à-dire dans la mesure où l'adulte le lui suppose et le lui garantit.

L’enfant, porté par l'adulte, est également présent dans l'adulte dans la mesure où demeure en lui l'ancien enfant, source de vie et condition de sa propre histoire : « L’enfant est devant nous, mais bien aussi et d'abord en nous... » C'est cela qui fonde la valeur narcissique de l'enfance et son potentiel de répétition. Certes, tout part de l'enfant, mais il doit se trouver continuellement dépassé — et le contre-pied correspond à la même absence de distance par rapport au modèle que la stricte répétition. De plus, second moteur du changement, l'enfant n'est pas une cire vierge et l'éducation du parent doit tenir compte de celui qui en bénéficie. Donc, si le parent construit l'enfant, l'enfant fait aussi le parent ; en venant s'opposer à ce que le parent projette sur lui, il l’oblige à un travail d'élaboration. L’enfant réel vient s'opposer à l'enfant imaginaire et, en dehors d'un idéal du moi exclusivement narcissique, le parent se construit au contact de l'enfant.

Quand un enfant est handicapé ou ne va pas bien, quand un parent éprouve une difficulté à assumer sa responsabilité auprès de l'enfant, ce parent en est affecté jusque dans sa personne. Sa parentalité est empêchée. En n'évoluant pas normalement, l'enfant n'offre plus au parent de quoi poser de réels repères ; il échoue à « éduquer » son parent, c'est-à-dire à l'installer, en même temps que lui-même croît, dans son rôle de parent. On retrouve, dans les termes différents d'une « théorie de la personne », le processus de parentification sur lequel insiste Didier Houzel (Les enjeux de la parentalité, érès, 1999). Le parent peut en être atteint au plus profond de lui-même, « le miroir est brisé », comme Quentel l'a entendu dire par une mère. C'est aussi sur sa longue expérience clinique avec les enfants handicapés et leurs parents que l'auteur fonde sa réflexion sur la culpabilité. Il y soutient qu'au-delà de la blessure, la question de la faute est toujours mobilisée. Plus même, la culpabilité ne peut être évacuée, sauf à nier la liberté de l'homme. Mobilisée par la question « Pourquoi moi ? », elle invite à rechercher, au besoin à inventer, une faute qui puisse l'expliquer. Le sentiment de culpabilité correspond donc à une élaboration psychique, dont l'auteur montre pourquoi elle se noue souvent autour d'un moment originaire comme la naissance, la grossesse ou la conception. Pour lui, il est toujours psychiquement une raison à la déception et au drame, et la connaissance d'une éventuelle cause organique ne soulage que peu ce sentiment de culpabilité. Ainsi, dans un groupe de parents — Quentel insiste sur l'intérêt de ces groupes —, une mère d'enfant trisomique a répondu à une mère d'enfant psychotique : « Nous, on sait peut-être la cause, mais on ne connaît pas la cause de la cause. »

La culpabilité cherche donc d'abord à réintroduire de la légitimité dans ce qui nous arrive. Nous sommes dans le domaine de l'éthique. Jean-Claude Quentel se réfère à Kant — « ... le ciel étoilé au-dessus de ma tête et la loi morale en moi » — et à Nietzsche — « Les hommes se sont donné à eux-mêmes leur règle du bien et du mal » — pour rappeler que la capacité éthique ne s'apprend pas. La société ne constitue pas en elle-même la source du comportement moral et, selon Jean Gagnepain, la source de la culpabilité est dans l'appréciation à laquelle chaque homme procède pour déterminer son mérite à obtenir la satisfaction qu'il vise. Ce sont le désir et le plaisir — en l'occurrence ici celui d'être parent, mais de manière non spécifique — qui mobilisent la culpabilité, qui est donc tout autre chose que la responsabilité de parent, cette charge qui l'institue. Distinguer les deux registres peut permettre de mieux poser la question des relations entre parents et professionnels de l'enfance.

Il faut ici revenir un instant à l'articulation entre parentalité et paternité. Cette dernière renvoie à un principe général de « tiercéité ». Est père l'élément tiers qui installe du médiat, de l'absence dans le rapport immédiat que l'enfant entretient avec celle qui constitue la première présence, habituellement sa mère. Au cœur de toute présence, il faut de l'absence pour que nous puissions nous abstraire de la forme de relation dans laquelle nous nous trouvons pour pouvoir entrer par ailleurs dans d'autres rapports qui requerront eux-aussi la même forme de distance et ainsi de suite. La parentalité s'exerce à travers des figures déterminées et familières auxquelles l'enfant se trouve confronté et qui l'imprégneront d'usages donnés ; la paternité, quant à elle, représente un principe. Dans toute société, éduquer, c'est déléguer et, je cite Quentel, « la raison profonde de la délégation de responsabilité qu'on observe de tout temps et en tout lieu renvoie à la question de la paternité : aucun homme, quel qu'il soit, ne peut se faire tout-puissant au sens où il aurait totalement confisqué la responsabilité dont il est nanti (ou dont il s'est emparé) » Le parent ne peut faire de l'enfant son complément et trouver ainsi, dans une relation qui serait immédiate et exclusive, le sens de son existence. Le parent est le premier éducateur dans la mesure où il porte l'enfant comme une dimension de soi-même, mais il doit déléguer cette éducation dont il a la responsabilité.

Qu'en est-il alors du côté du professionnel de l'enfance ? Ce dernier, en proposant son « savoir-faire », désapproprie inévitablement le parent d'une certaine compétence puisque, en revendiquant la sienne propre, il limite celle de l'autre. Il est d'ailleurs, lui aussi, soumis à la tentation de la toute-puissance à laquelle répond, symétriquement, celle de certains parents qui espèrent faire disparaître le trouble en écartant le spécialiste. Jean-Claude Quentel prend en compte les récentes évolutions sociologiques qui veulent faire du parent un partenaire et mettre l'enfant au centre au centre du dispositif, qu'il s'agisse des interventions précoces en camps, des services d'éducation et de soins spécialisés à domicile ou dans le cadre de l'école par les réseaux d'aide spécialisés et les classes d'intégration. A côté de celui qu'il tient auprès de l'enfant, le rôle du professionnel auprès du parent varie selon la nature de la demande du parent et la fonction qu'occupe ce professionnel. Jean-Claude Quentel, lui, définit deux fonctions générales : premièrement, de restauration de la responsabilité, en intéressant les parents au développement de l'enfant : parler de l'enfant, c'est le faire être. La seconde fonction concerne la culpabilité qu'il faut d'abord admettre sans tirer de conclusions hâtives, puisque « la culpabilité qu'éprouve le parent doit être rapportée aux impératifs implicites qu'il s'est lui-même assignés. »

De nombreux développements et réflexions parsèment le cours de ce livre qui interroge la parentalité selon les deux principes de responsabilité et de culpabilité. S'y laisse-t-elle pour autant réduire ? C'est, à mon sens, là que l'étude de Jean-Claude Quentel laisse le lecteur sur sa faim. Cependant, son analyse rend compte de bien des échecs et des impasses de la délégation en éducation tant à l'intérieur de la famille qu'entre celle-ci et les professionnels de l'enfance. Cet effort vers une théorie unificatrice est un remède aux tentations de réduction hâtive et d'instrumentation des interventions médico-sociales et éducatives ; il concerne à l'évidence tous les professionnels de l'enfance

Laurent Renard, psychiatre
(Directeur de la publication)




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"Le Portique", revue de philosophie et de sciences humaines, 9, 2002, (Titre du numéro : "La nuit") pages 159-161


Tout le monde saurait à quoi s'en tenir lorsqu'on évoque le parent. Chacun de nous se référerait alors à son expérience de mère et de père, de médecin, d'éducateur. Mais cette apparente simplicité se heurte aux exigences de notre époque, qui ne se contente plus des certitudes communes : la famille est devenue incertaine, la fonction parentale remise en question. Si bien que les modes d'explication habituels explosent sous la pression des mutations en cours. Et si le législateur tente de suivre le mouvement, le chercheur lui est sommé de produire des hypothèses nouvelles.
Qu'est le parent pour l'opinion courante ? C'est à l'encontre d'une trompeuse évidence que l'étude proposée par Jean-Claude Quentel, psychologue clinicien, universitaire, déjà auteur de l'Enfant (1993), engage une clarification au fond, qui prend d'abord certes le parent au sens général, c’est à dire au sens commun, mais entend ne pas s'en tenir à une description qui ne serait qu'un reflet faussé d'un objet hétérogène. Au contraire, elle vise à expliciter les raisons de la parentalité, selon la cohérence d'un recul anthropologique (au sens d'une articulation des acquis des sciences humaines) sur les fondements des conduites humaines, mettant en évidence les processus d'ordre formel et implicite qui déterminent les comportements.

A l'impossible les parents seraient-ils tenus ? La réflexion sur la notion de responsabilité fait l'objet de la première partie. Rappelant la distinction du parent et du géniteur, ce début d'ouvrage travaille les ressorts de la relation éducative, prend en compte les différentes formes d'empêchement de la parentalité. On y retrouve autrement la question de l'enfant et de la particularité de son accession à la personne, en regard des autres capacités - logique, technique et éthique, qu'il manifeste. Tout enfant, au fond, s'adopte et le parent l'inscrit dans son histoire. Plus paradoxal encore : tandis que nous inscrivons l'enfant socialement, l'enfant lui éduque le parent. A contrario l'examen des "empêchements de la parentalité", difficultés et pathologies permet de mesurer les termes d'une "parentalité à construire".
La deuxième partie est consacrée à une analyse de la culpabilité, relevant d'une éthique. Si la culpabilité accompagne tout parent, un tel problème n'apparaît pourtant pas spécifiquement lié à celui de la parentalité. Le diagnostic effectué par l’auteur se déploie à partir d'une longue expérience clinique et sur "fond de crise" ; deux chapitres sont consacrés aux explications disponibles et aux différents modèles qui tentent de rendre compte de la culpabilité dont l'auteur montre que, loin de nous aliéner, elle nous constitue. Citant Nietzsche, il rappelle que la capacité éthique ne s'apprend pas, qu'elle se définit ailleurs qu'ordonnée à la responsabilité ou rapportée à la loi et à la morale.
La distinction des plans auxquels ressortissent les deux registres de la responsabilité et de la culpabilité ouvre sur la dernière partie du livre qui étudie les rapports que le parent entretient avec les professionnels de la prise en charge de l'enfant - point sur lequel les débats abondent, le droit évolue. La notion de contrat est posée comme point de départ du questionnement consacré à cette nécessaire délégation de responsabilité, pour en venir à préciser la problématique du métier dont le fait d'être parent forme le prototype même.

Le propos général de l’auteur est celui d'une didactique exigeante. Il vise la requalification parentale, incite à réhabiliter l'enfant réel (vs l'enfant imaginaire), le principe de paternité, qui installe l'absence et le médiat nécessaire à tout rapport à l'autre, à tout fonctionnement social. Riche en exemples (empruntés à l'ethnologie, à la clinique et à la vie quotidienne), en études de cas, en références, il éclaire au fond quelques-unes des questions qui aujourd'hui font urgence. Il peut se lire selon les angles et préoccupations diverses. L'enquête, jalonnée de nombreuses distinctions dont les motifs épistémologiques sont constamment explicités, est à caractère transdisciplinaire, renvoyant à la démarche éprouvée de l'anthropologie clinique, poursuivant entre autres le programme freudien. Pour aller plus loin, elle constitue une entrée d'actualité à la Théorie de la médiation de Jean Gagnepain.

Le souci pédagogique qui traverse ce livre, dont d'autres aspects seraient à souligner, se traduit dans l'articulation de la problématique et de l'exposé. A l'inverse d'un recours fermé à la méthode (rigoureuse), la référence scientifique ouvre à la discussion. En même temps qu'il contribue à une indispensable clarification, il convie le lecteur à se défier des réductions, à ne pas contenter d'hâtives certitudes, à pratiquer, à son tour, la distance indispensable à la compréhension des évolutions. Le propos suggère aussi à mes yeux diverses transpositions et voies d'approfondissement relatives à l'éducation scolaire. Il pourrait y manquer quelques clés d'articulation effective dans la question de l'exercice réel. Ce qui nous renvoie à la difficulté que j'ai souvent soulignée de l'articulation de la recherche et de la pratique éducative : il nous incite, par conséquent, à prévoir un chantier approprié.


Jean Agnès

 

Références sur internet


_______Site internet de Maurice Villard :

Maurice Villard termine sa critique de la façon suivante :

A tout professionnel de l'enfance je conseille cet ouvrage qui éclaire bien à mon sens les enjeux de la parentalité.
Le seul point qui m'a posé question est l'affirmation selon laquelle l'éthique et la culpabilité ne doivent rien au social et à la relation à autrui. Tout dépend peut-être de la définition que l'on donne du "social". La norme que le sujet se donne, inconsciemment le plus souvent, la réglementation qu'il impose à son désir, d'où viennent-elles ? La position de l'auteur ne m'a pas paru claire: auto-engendrement ? innéisme ? ou imposition par l'Autre du "ne pas" ?

http://perso.wanadoo.fr/maurice.villard/leparent.htm

 

_______Portail Santé mentale et Cultures (Association François et Eugène Minkowski) :

Sommes-nous à ce point en crise ? Après la crise de l’adolescence, voici celle de l’enfance et de la parentalité. Le livre que nous donne Jean-Claude Quentel est le second volet d’un diptyque. Dans "L’Enfant", problèmes de genèse et d’histoire, publié chez le même éditeur, l’auteur caractérisait l’enfant par cette dépendance dont il ne lui est pas possible de s’affranchir tant qu’il est, précisément, enfant. Une responsabilité spécifique, celle du parent, en représente le corrolaire, plus même - c’est la thèse que Jean-Claude Quentel développera au long du présent ouvrage - c’est cette responsabilité qui fonde l’état de parent. Psychologue qui a longtemps travaillé dans le secteur de l’enfance inadaptée, il appuie son ambitieuse réflexion sur les sciences humaines et l’ancre dans une théorie philosophique, une éthique de la Personne, celle de Jean Gagnepain, professeur de linguistique à Rennes. Trois parties égales composent son livre : un double foyer de réflexion sur la responsabilité et sur la culpabilité lui donne l’espace et le recul nécessaires pour aborder dans sa spécificité la relation entre parent et professionnel.

Laurent Renard, psychiatre

 

 


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