DU VOULOIR DIRE

Traité d'épistémologie des sciences humaines


Volume 1

Du Signe, de l'Outil.


1993 - 278 p.


Jean GAGNEPAIN



Pour que les sciences de l'homme soient, au seuil d'une autre Renaissance, les grandes découvertes de notre âge, il faut cesser de parler la bouche pleine et de traiter de tout à la fois. Le signe, le phallus ou la lutte des classes, bref la Culture, comme la Nature jadis, ont fait leur temps et la rationalité désormais ne doit plus être l'affaire des philosophes, mais des expérimentateurs.
Or, la clinique du langage auquel les humanistes l'ont identifiée montre l'irréductibilitéde la logique qui le fait grammaire, de la technique qui le fait écriture, de l'ethnique qui, comme langue, l'inscrit dans l'histoire et de l'éthique instauratrice du discours.
Dialectique, structure, implicite sont les concepts clés d'une déconstruction inaugurée par ce volume et débouchant parallèlement sur une théorie de l'art, de la société et du droit.
S'agit-il de couper les cheveux en quatre ou d'un néo-quartésianisme ?


 

Sommaire
________

 

INTRODUCTION GÉNÉRALE

Discours et méthode

 

CHAPITRE I     Du signe

 

1. STRUCTURE ET SIGNIFICATION

Signifiant et signifié
Du Symbole au signe, De l'impropriété, Pertinence et Dénotation.

Identité et Unité
Traits et Sèmes, Phonèmes et Mots, Capacité taxinomique et capacité générative.

Similarité et Complémentarité
Corrélation et paradigme, Concaténation et syntagme, Référence et Incidence.

 

2. POUR UN TRAITÉ DE LA DÉSIGNATION

Référence et Propriété
Les paramètres du message, Du formel au stochastique, Théorie des tropes.

Mécanisme de l'énoncé
Epel et Nomenclature, Syllabe et Proposition, Du champ et de l'expansion.

Sens et Causalité
Science, Mythe, Poème.

 

Conclusion


 

CHAPITRE II      De l'outil

 

1. ART ET TECHNIQUE

Fabriquant et Fabriqué
De l'instrument à l'outil, Travail et loisir, De la matière et de la forme.

Support et Mécanologie
Le critère d'utilité, Du matériau, De l'engin.

Fonction et Téléologie
Tâches et fins, De la machine, La raison de la main.

 

2. ARTS ET METIERS

L'activité de production
Les paramètres de l'ouvrage, Producteur ou consommateur, La notion d'ornement.

La sectorisation de l'industrie
Déictique, Schématique, Cybernétique.

Rendement et fonctionalité
Empirique, Magique, Plastique.

 

3. PAROLE ET ECRITURE

Signal de signe
La voix du silence, Système graphique, Les types d'écriture.

Ecriture et concept
De l'algèbre, Du rite, Du nombre.

Le sens produit
Lecture des sigles, L'expérimentation graphique, La pensée du robot.

 

Conclusion

 

 



Critique de l'ouvrage

 

ASSOCIATION FRANÇAISE POUR LA LECTURE ? ACTES DE LECTURE n°38 (juin 1992)

 

DE L'EAU AU MOULIN

Professeur à l'Université de Rennes, J. GAGNEPAIN a élaboré La théorie de la Médiation, modèle des sciences humaines qui essaie de "déconstruire le fonctionnement humain". En trois volumes, son Traité d'Épistémologie des Sciences Humaines consiste en un réaménagement, un reclassement des sciences qu'il répartit sur quatre plans, dont chacun correspond à une rationalité, et à un médiateur qui permet le contact entre l'homme et le monde.
Premier plan : médiateur : le signe - capacité : le langage - science : la glossologie.
Second plan: médiateur : l'outil - capacité : l'art - science : l'ergologie.
Troisième plan : médiateur : la personne - capacité : la société - science : la sociologie.
Quatrième plan : médiateur : la norme - capacité : le droit - science : l'axiologie.
C'est à partir de la vérification clinique que J. GAGNEPAIN a construit cette "Tétralogie" : les quatre rationalités se dégradant ou se perdant occasionnent des troubles spécifiques.
Que faire des préoccupations d'un épistémologue, sinon picorer les concepts qu'il développe dans le contexte de leur cohérence théorique, pour les greffer à des préoccupations plus pédagogiques, en interrogant ses concepts avec nos propres questions? Dans la seconde partie du livre consacrée au second plan, le chapitre "parole et écriture" expose plus particulièrement sa conception de l'écrit.

Qu'est-ce que l'écrit ?
Le principe d'analyse de J. GAGNEPAIN est de déconstruire les activités humaines et de les rattacher au plan qui leur correspond.
Ainsi, c'est au second plan qu'il situe l'écrit ; c'est à dire qu'il ne relève pas directement du langage, mais de l'outillage. C'est en effet fondamentalement du signe produit - le signe relevant du premier plan -, au moyen d'un outillage quel qu'il soit, en un mot du signal. L'écrit relève pour lui d'une ergo-linguistique, c'est à dire du croisement de deux plans : le second et le premier.
"Il est temps (de) contracter épistémologiquement de justes noces, de briser idéologiquement les vieilles liaisons.
Celle de l'écriture et de la grammaire indiscutablement en était une."
Autrement dit, langage et écriture se distinguent singulièrement par les capacités qu'elles sollicitent elle est linguistique pour la première, ergologique pour la seconde.
"il est bien vrai, explique-t-il, que l'écriture est analyse du langage et que l'initiation scolaire est, d'une certaine façon (...) initiation à la grammaire. Mais le principe de cette analyse est ailleurs ; les classements et segmentations, comme le prouve la graphie des cancres ou des ignorants, n'ont pas le même fondement."


La lecture
Il en va de même pour la lecture : refusant la dissociation neuropsychologique lecteur-rédacteur, il emploie le terme indifférencié de scribe. "C'est, écrit-il, une même aptitude, en effet, que d'exploiter ou d'exécuter la lisibilité. Les deux s'acquièrent et se perdent ensemble (...)."
La capacité employée par le scribe n'a donc pas du point de vue rationnel de rapport avec le langage : il le prend seulement pour objet. J. GAGNEPAIN aboutit ainsi à un des principes théo-riques de l'AFL : il y a autonomie de l'écrit vis à vis de la parole.
"En tant que manipulation, continue-t-il, (l'écriture) est en germe dans toute sorte d'exercices et sa progression, comme telle, n'est point liée à celle du langage". D'où la vanité des tourments de ceux qui s'interrogent sur l'opportunité pédagogique de l'antécédence de l'une ou de l'autre.
J. GAGNEPAIN n'est pas seulement convaincu que la non-correspondance du signe et du signal, du verbe et de l'écrit, doit empêcher toute erreur sur la nature de l'écrit : cette “ imperfection voire (cet) accident de l'histoire devient ipso facto quasi définitoire. Tout comme la vrille, en effet s'enfonce en tournant dans la planche, il est normal que le signal soit inadéquat à la structure du signe qu'il convoie et que, non seulement la lettre ne correspond pas au phonème ni le caractère au mot ou au sème, mais que les identités et unités graphiques dans leur ensemble obéissent à leur systématisation propre (…) ”

 

Hervé Moelo

 

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